mercredi 27 juin 2012

FLOWBEPINE TV

En grande pompe, la vidéo de présentation d'un Brocoli bucolique.
À huis clos, l'Aubépine interroge un des membres du mouvement sur ses tactiques didactiques. Le paroxysme d'une curiosité humaine accordant à cette interview confinée des allures de cabrioles carambolées.

vendredi 1 juin 2012

Le FLOWBEPINE prend position

Rue de la Parcheminerie, 35000 Rennes

flowbepine-rennes
FORMAT : 140cm x 92cm

Si d'aventure, tu n'étais pas capable de lire le texte sur la photo ou même pas fichu de déplacer ta carcasse de fainéant sur les lieux du sacre, voici le texte cité sur ce morceau de papier collé :

« Ce qui est requis est immense, va très loin – et les êtres humains, tels qu'ils sont et
tels qu'ils sont constamment reproduits par les sociétés occidentales, mais aussi par
les autres, en sont immensément éloignés. Compte-tenu de la crise écologique, de
l'extrême inégalité de la répartition des richesses entre pays riches et pays pauvres,
de la quasi-impossibilité du système de continuer sa course présente, ce qui est requis
est une nouvelle création imaginaire d'une importance sans pareille dans le passé, une création qui mettrait au centre de la vie humaine d'autres significations que l'expansion de la production et de la consommation, qui poserait des objectifs de vie différents, qui puissent être reconnus par les êtres humains comme en valant la peine.
Cela exigerait évidemment une réorganisation des institutions sociales, des rapports
de travail, des rapports économiques, politiques, culturels. Or cette orientation est
extrêmement loin de ce que pensent, et peut-être de ce que désirent les humains
d'aujourd'hui. Telle est l'immense difficulté à laquelle nous avons à faire face.
Nous devrions vouloir une société dans laquelle les valeurs économiques ont cessé
d'être centrales (ou uniques), où l'économie est remise à sa place comme simple moyen de la vie humaine et non comme fin ultime, dans laquelle on renonce à cette course folle vers une consommation toujours accrue. Cela n'est pas seulement nécessaire pour éviter la destruction définitive de l'environnement terrestre, mais aussi et surtout pour sortir de la misère psychique et morale des humains contemporains. Il faudrait donc désormais que les êtres humains (je parle maintenant des pays riches) acceptent un niveau de vie décent mais frugal, et renoncent à l'idée que l'objectif central de leur vie est que leur consommation augmente de 2 ou 3% par an. Pour qu'ils acceptent cela, il faudrait qu'autre chose donne sens à leur vie. On sait, je sais ce que peut être cette autre chose – mais évidemment cela ne signifie rien si la grande majorité des gens ne l'accepte pas, et ne fait pas ce qu'il faut pour qu'elle se réalise. Cette autre chose, c'est le développement des êtres humains à la place du développement des gadgets. Cela exigerait une autre organisation du travail, qui devrait cesser d'être une corvée pour devenir un champ de déploiement des capacités humaines, d'autres systèmes politiques, une véritable démocratie comportant la participation de tous à la prise de décisions [...]
Bien évidemment, tout cela pose des problèmes immenses : par exemple, comment une démocratie véritable, une démocratie directe, pourrait-elle fonctionner non plus à l'échelle de 30 000 citoyens, comme dans l'Athènes classique, mais à l'échelle de 40 millions de citoyens comme en France, ou même à l'échelle de plusieurs milliards d'individus sur la planète. Problèmes immensément difficiles, mais à mon avis solubles – à condition précisément que la majorité des êtres humains et leurs capacités se mobilisent pour en créer les solutions – au lieu de se préoccuper de savoir quand est-ce qu'on pourra avoir une télévision 3D. Telles sont les tâches qui sont devant nous – et la tragédie de notre époque est que l'humanité occidentale est très loin d'en être préoccupée.
Combien de temps cette humanité restera obsédée par ces inanités et ces illusions que l'on appelle marchandises ? Est-ce qu'une catastrophe quelconque – écologique, par exemple – amènerait un réveil brutal, ou bien plutôt des régimes autoritaires ou totalitaires ? Personne ne peut répondre à ce type de questions. [...]
Un grand mouvement politique collectif ne peut pas naître par l’acte de volonté de quelques-uns. Mais, aussi longtemps que cette hypnose collective dure, il y a, pour ceux parmi nous qui ont le lourd privilège de pouvoir parler, une éthique et une politique provisoires : dévoiler, critiquer, dénoncer l’état de choses existant. Et pour tous : tenter de se comporter et d’agir exemplairement là où ils se trouvent.
Nous sommes responsables de ce qui dépend de nous. »

[CORNELIUS CASTORIADIS]

Sélectionné par le FLOWBEPINE.